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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/130

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AURORA FLOYD

— elle apprendra, par les uns et par les autres, ce qui est résulté de l’enquête, et elle pensera que j’ai été à Doncastre pour affaires. Elle ne saura rien de la trouvaille de cette détestable preuve. Personne n’a besoin de le savoir. Lofthouse et Hayward sont gens d’honneur, et ils garderont le secret de ma pauvre enfant ; ils garderont le secret de sa folle jeunesse… ma pauvre fille… ma pauvre fille !

Il soupirait après ce moment qu’il imaginait si près, le moment où il devait la serrer dans ses bras et dire :

— Ma très-chère, soyez en paix : il n’y aura plus de secrets entre nous. Dorénavant vos chagrins seront mes chagrins, et ce serait par trop fort si je ne pouvais vous aider à en porter légèrement le fardeau. Nous ne faisons qu’un, ma chère âme. Depuis la première fois que je vous ai vue avant le jour des fiançailles, nous sommes vraiment unis.

Il s’attendait à trouver Aurora dans sa chambre, car elle avait déclaré qu’elle voulait y rester toute la journée, et il courut à travers la large pelouse vers la vérandah ombragée de roses qui protégeait sa retraite favorite. Les persiennes étaient descendues et la fenêtre était fermée, depuis qu’Aurora avait renvoyé Hargraves. Il frappa à la fenêtre, mais personne ne lui répondit

— Lolly s’est fatiguée d’attendre, — pensa-t-il.

La seconde cloche du dîner sonna dans la cour tandis que Mellish hésitait en dehors de la fenêtre close. Ce son lui rappela ses devoirs sociaux.

— J’attendrai jusqu’à ce que le dîner soit fini avant de parler à ma chérie, — pensa-t-il ; — je dois ne rien changer à mes habitudes ordinaires, pour l’édification de Mme Powell et des domestiques, avant de pouvoir prendre ma chérie sur mon cœur, et de délivrer pour toujours son esprit de ce fardeau.

Mellish se soumit à l’indiscutable force des lois de l’étiquette dont nous avons fait nos maîtresses, et il était prêt à manger son dîner sans appétit et à attendre deux heures un moment dont son cœur désirait ardemment l’arrivée,