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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/133

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AURORA FLOYD

Mellish s’irrita horriblement sous cet impitoyable torrent de phrases que Mme Powell faisait tomber sur sa tête.

— Pour l’amour du ciel, — dit-il avec impatience, — vous me direz cela une autre fois, madame. Je désire seulement savoir où est ma femme. Deux mots peuvent me le dire, je crois.

— Je suis fâchée de ne pouvoir vous donner des informations à ce sujet, — répondit Mme Powell ; — Mme Mellish a quitté la maison à trois heures et demie, habillée pour la promenade. Je ne l’ai pas vue depuis !

Que le ciel pardonne à Aurora pour les chagrins qu’elle donnait à tous ceux qui l’aimaient le plus ! Le cœur de John devint fou de terreur à la première déception de son espérance. Il se l’était représentée l’attendant pour le recevoir, prête à se jeter sur son cœur à ces paroles passionnées : Aurora, viens ! viens, cher amour, ton secret est découvert et est pardonné.

— Je crois que quelqu’un sait où ma femme est allée, madame Powell, dit-il furieux, tournant sur la veuve de l’enseigne un regard plein de rage, de désappointement et d’alarme.

Ce n’était qu’un grand enfant après tout, ayant des alternatives enfantines d’espérance et de désespoir, et l’affection passionnée d’un enfant pour ceux qu’il aimait, et l’instinctive frayeur du danger pour ceux qu’il chérissait.

Mme Mellish aura pris Parsons pour sa confidente, — répliqua la veuve de l’enseigne. — Mais pour sûr elle ne m’a pas mise au courant de ses intentions. Sonnerai-je pour appeler Parsons ?

— S’il vous plaît.

Mellish resta sur le seuil de la porte vitrée, ne se souciant pas d’entrer dans la belle pièce dont il était le maître. Pourquoi entrerait-il dans la maison ? Pour lui il n’y avait plus de demeure sans la femme qui la lui avait rendue si chère et si sacrée ; chère à lui-même dans les heures les plus douloureuses de peine et d’anxiété ; sacrée, même malgré les chagrins que son amour lui avait attirés.

Parsons apparut en réponse au message envoyé par