Aller au contenu

Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
135
AURORA FLOYD

par votre alliance avec la fille de M. Floyd. Laissez-moi ajouter un mot d’avertissement avant que j’aie l’honneur de vous souhaiter le bonsoir. Les méchantes gens seraient tentées de sourire à votre enthousiaste description de votre femme en se rappelant que la personne à laquelle vous faites allusion est Aurora Conyers, la veuve de votre entraîneur, et qu’elle n’a jamais possédé aucun droit légitime au titre que vous lui donnez !

Si Mme Powell eût été un homme, elle aurait mis sa tête en contact avec le tapis turc de la salle à manger avant de pouvoir achever son discours ; mais comme c’était une femme, Mellish la regarda en plein visage, attendant qu’elle eût fini de parler. Il supporta le coup qu’elle lui infligeait, sans plier sous cette douleur cruelle, et il lui enleva la satisfaction qu’elle espérait avoir : il ne lui laissa voir aucune angoisse.

— Si Lofthouse lui a dit le secret, — dit-il, quand la porte fut fermée sur Mme Powell, — je le cravacherai en pleine église.


CHAPITRE XXX

Un visiteur inattendu.

Aurora trouva à la station de Doncastre un employé des plus polis tout prêt à lui prendre son billet et à lui trouver une place confortable dans un wagon vide ; mais avant que le train partît, deux fermiers grossiers prirent place sur les coussins, en face de Mme Mellish. C’étaient d’opulentes gens qui cultivaient leurs propres terres et voyageaient par les trains express ; mais ils apportaient une forte odeur d’écurie dans la voiture, et ils avaient cet honnête accent nasillard du Nord qui est toujours agréable aux oreilles de