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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/145

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AURORA FLOYD

Il était près de neuf heures quand Bulstrode lut interrompu dans sa péroraison par un double coup frappé à la porte de la rue. Les maisons d’Halfmoon Street sont petites, et Talbot jeta sa feuille d’épreuve avec un geste exprimant une grande irritation. Lucy regarda son seigneur et maître moitié par sympathie, moitié pour l’excuser. Elle se tint elle-même de manière à le mettre à son aise et à le réconforter.

— Qui cela peut-il être, — murmura-t-elle, — à cette heure ?

— Un ennui ou un autre, j’en suis sûr, ma chère, — répondit Talbot. — Mais, qui que ce soit, je ne recevrai pas ce soir. Je crois, Lucy, que je vous ai donné une assez jolie idée de l’effet que ceci doit produire sur mon honorable ami le représentant de…

Avant que Bulstrode pût dire le nom du bourg dont son honorable ami était le représentant, un domestique annonça que Mme Mellish attendait en bas le maître de la maison.

— Aurora !… — s’écria Lucy s’élançant de son siège et laissant tomber son ouvrage en désordre sur le plancher ; — Aurora !… Cela ne peut, pas être, Talbot. Elle est revenue du comté d’York il n’y a que quelques jours.

M. et Mme Mellish sont tous les deux en bas, je suppose ? — dit Bulstrode à son domestique.

— Non, monsieur, Mme Mellish est venue seule dans un cab depuis la gare, je crois. Mme Melilsh est dans la bibliothèque, monsieur. Je l’ai priée de monter, mais elle a demandé à voir monsieur seul.

— J’y vais tout de suite, — répondit Talbot. — Dites à Mme Mellish que je suis à elle à l’instant.

La porte se ferma sur le domestique, et Lucy courut dans sa hâte d’aller voir sa cousine.

— Pauvre Aurora, — dit-elle, — il doit être arrivé quelque malheur, j’en suis sûre. Mon oncle Archibald est tombé malade, peut-être ; il n’avait pas l’air bien portant quand nous avons quitté Felden. Je vais vers elle, Talbot ; je suis sûre qu’elle aimera mieux me voir la première.