Aller au contenu

Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/155

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
AURORA FLOYD

ment au loin dans l’horizon ? Il n’osait pas penser à ce que c’était, il n’osait même pas reconnaître sa présence : mais il y avait dans son cœur un sentiment de trouble et d’horreur qui lui disait que l’ombre était là.

Lucy accourut dans la bibliothèque, et, se jetant dans les bras de sa cousine, elle pleura avec elle. Elle ne demanda pas la nature du chagrin qui avait amené Aurora comme un hôte inattendu et non invité dans la modeste petite habitation. Elle savait seulement que sa cousine était dans le chagrin, et que c’était un heureux privilège de l’abriter et de la consoler. Elle se serait battue, dans une bataille terrible, pour la défense de ce privilège ; mais elle adorait son mari pour la générosité avec laquelle il le lui avait accordé sans combat. Pour la première fois de sa vie, la pauvre et douce Lucy prit une nouvelle position vis-à-vis de sa cousine. C’était à son tour de protéger Aurora ; c’était à son tour de déployer une douce tendresse maternelle pour la créature désolée dont la tête souffrante reposait sur son sein.

Les cloches du West End frappaient trois heures dans le calme imposant de la nuit, quand Mme Mellish tomba dans un assoupissement fiévreux, répétant sans cesse et toujours, même dans son sommeil :

— Mon pauvre John !… mon pauvre John !… cher amour ! Que deviendra-t-il ? mon seul chéri fidèle !


CHAPITRE XXXI

Le conseil de Bulstrode.

Bulstrode sortit de bonne heure, le tranquille dimanche matin, après l’arrivée d’Aurora, et descendit au bureau du télégraphe, à Charing Cross, d’où il envoya une dépêche à