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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/164

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AURORA FLOYD

se trouvait le paragraphe en question. L’ombre horrible dont il ne voulait pas reconnaître la nature apparut encore une fois à l’horizon qui venait de paraître si brillant et si clair.

— Je donnerais mille livres, — pensa-t-il, — pour trouver le meurtrier de cet homme.


CHAPITRE XXXII

En garde !

Peu après déjeuner, ce même jour de sabbat, jour de réunion et de contentement général, John ramena Aurora à Felden. Il était nécessaire que Floyd apprît le récit de la mort de l’entraîneur des lèvres de ses propres enfants, avant que les journaux vinssent l’effrayer par quelque exagération ou quelque infraction à la vérité.

L’élégant phaéton dans lequel Bulstrode avait coutume de conduire sa femme fut amené devant la porte au moment où les cloches des églises appelaient les pieux citadins à leurs devoirs du matin ; ce fut à cette heure invraisemblable que Mellish fit claquer son fouet et partit dans la direction de Westminster Bridge.

Les chevaux de Bulstrode eurent bientôt laissé Londres derrière eux, et bientôt aussi le phaéton roula sur des chemins semblables aux allées d’un parc, ombragés de feuillages luxuriants et bordés çà et là de jardins ravissants et de villas rustiques qu’inondait la blanche lumière du soleil. La sainte paix du jour du Seigneur régnait sur chacun des objets qu’ils laissaient derrière eux, et il semblait à Aurora que les feuilles et les fleurs même en étaient empreintes. Les oiseaux faisaient entendre en sourdine d’harmonieuses symphonies ; et c’est à peine si une légère