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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/184

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AURORA FLOYD

lui comme une personne intéressée au plus petit degré au meurtre. Comment saurait-il les informations probablement prises sur le témoin manquant ? Il y avait peut-être une grande récompense offerte pour sa capture, et un mot ou un regard aurait pu le trahir aux yeux avides des gens en quête de l’obtenir.

Rappelez-vous que ce marin aux larges épaules était aussi ignorant qu’un enfant sur tout ce qui était en dehors du pont de son navire, et qu’il avait l’habitude de naviguer sur les grands chemins des eaux. La vie sur terre était un mystère pour lui, les lois britanniques une complication d’énigmes impénétrables, et faites seulement pour en parler et y penser comme d’une merveille et d’une chose à vénérer. Si quelqu’un lui avait dit qu’il serait probablement arrêté comme complice et qu’il serait pendu pour sa part passive à la catastrophe de Mellish Park, il l’aurait cru. Comment pouvait-il savoir combien d’actes du Parlement pouvaient avoir eu lieu au sujet de sa conduite en quittant Doncastre sans se montrer ? Il aurait pu y avoir haute-trahison, lèse-majesté, tout ce qui dans ce monde est affreux et ne peut se dire, et ce simple marin n’aurait pas su le contraire. Mais au fond, ce n’était pas à sa propre sûreté que le Capitaine pensait ; c’était d’une trop petite importance pour ce marin au cœur léger, à l’allure facile. Il avait trop souvent exposé sa vie sur les hautes mers pour y attacher une valeur exagérée, à terre. « S’ils font pendre un homme innocent, ils feront ce qu’ils voudront : ce sera leur faute et non la mienne » ; et il avait la foi d’un simple homme de mer, un peu vague peut-être, et se réduisant à quelque chose comme trente-neuf articles, qui lui disaient qu’il y avait de gentils petits chérubins assis en haut dans les airs qui prendraient bien soin que toute erreur terrestre soit rectifiée dans le livre de loch d’en haut, sur lesquelles pages Prodder espérait se trouver inscrit comme un actif et honnête matelot, obéissant toujours humblement au signal de son commandant.

C’était pour le sort de sa nièce que le marin tremblait à l’idée de la découverte de sa présence, et c’était pour elle