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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/204

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AURORA FLOYD

— Je vous demande pardon, monsieur, — dit le vieux serviteur, — mais on a trouvé quelque chose dans le bois, et je pensais que vous pourriez peut-être savoir…

— On a trouvé quelque chose !… Quoi ?… — s’écria John, complètement bouleversé par son agitation à la vue du chagrin de sa femme et son désir de comprendre cet homme.

— Un pistolet, monsieur. Un des garçons d’écurie vient de le trouver. Il allait au bois avec un de ses camarades pour voir l’endroit où… où… l’homme a été tué, et il a rapporté ce pistolet qu’il y a trouvé. Il était tout près de l’eau, mais caché dans les herbes et les roseaux. Celui qui l’a jeté là, quel qu’il soit, a sans doute cru le jeter dans l’étang. Mais Jim, c’est un des garçons, s’imagina avoir vu briller quelque chose, et c’est tout simple, c’était le canon du pistolet, et je crois que ce doit être celui avec lequel l’entraîneur a été tué, monsieur John !

— Un pistolet !… — cria Mellish, — faites-le-moi voir.

Le serviteur lui tendit l’arme. Elle était assez petite pour être un jouet, mais elle n’était pas pour cela moins dangereuse dans une main habile. C’était un caprice d’homme riche, habilement fini par quelque célèbre armurier, enrichi par un travail d’incrustation orné d’acier rougi et d’argent mat. Il était rouillé, étant resté exposé à la pluie et à la rosée ; mais Mellish connaissait bien ce pistolet, car c’était le sien.

C’était le sien, un de ses joujoux favoris, et il avait été pris dans la pièce qui ne s’ouvrait qu’à des personnes privilégiées, la pièce dans laquelle sa femme s’était occupée à mettre ses armes en ordre le jour même de l’assassinat.