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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/222

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AURORA FLOYD

lité, si vous réussissez dans l’accomplissement de votre mission. Si vous pensez que vous gagnerez quelque chose en agissant en dessous main et en vous tenant dans l’obscurité, vous vous trompez grandement, car personne n’est plus à même et n’a plus de volonté de vous aider que M. et Mme Mellish.

L’agent de police, car il avait tacitement avoué sa profession, regarda Talbot avec un air de doute.

— Vous êtes homme de loi, je crois ? — dit-il.

— Je suis M. Talbot Bulstrode, représentant de Penruthy et le mari de la cousine germaine de Mme Mellish.

L’agent s’inclina.

— Mon nom est Joseph Grimstone, de Scotland Yard et de Ball’s Pond, — dit-il ; — et certainement je ne vois aucun obstacle à ce que nous travaillions ensemble. Si M. Mellish est disposé à agir dans mes vues, je suis prêt à le faire avec lui et à accepter la récompense que sa générosité m’offrira. Mais si lui ou un de ses amis a envie de tromper Joseph Grimstone, il vaut mieux pour lui qu’il réfléchisse deux fois avant de l’essayer : voilà tout.

Bulstrode ne fit aucune attention à cette menace, mais regarda à sa montre avant de répondre.

— Il est six heures et quart, — dit-il, — monsieur Mellish dîne à sept heures. Pouvez-vous passer à la maison ce soir à neuf heures ? Vous aurez toute l’assistance qu’il sera en notre pouvoir de vous donner.

— Certainement, monsieur ; à neuf heures, ce soir !

— Nous serons prêts à vous recevoir. Bonsoir.

Grimstone toucha son chapeau et s’en alla tranquillement sous les ombrages des hêtres, tandis que Bulstrode rejoignait ses amis.

Il est peut-être utile d’expliquer l’apparition matinale de l’agent de police à Mellish Park. Le jour de l’enquête, et par conséquent le surlendemain du meurtre, deux lettres anonymes, faites de la même manière et écrites par la même main, avaient été reçues par des constables de Doncastre et par le chef de la police de Scotland Yard.

Ces communications anonymes, écrites par une main qui,