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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/243

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AURORA FLOYD

CHAPITRE XXXVIII

Dépisté.

Il est à peine nécessaire de dire qu’avec le bouton de Crosby dans sa poche et avec les renseignements obtenus de Dawson le jardinier, soigneusement recueillis dans son esprit, Grimstone regardait d’un œil particulièrement intéressé Steeve Hargraves l’idiot.

L’agent n’était pas venu à Doncastre tout seul. Il avait amené avec lui un humble allié, dans la personne du petit homme à l’air misérable qui avait rencontré l’idiot à la station du chemin de fer, et qui avait reçu l’ordre de faire une garde secrète autour d’Hargraves. C’était par conséquent une chose très-facile que de reconnaître l’idiot dans la ville de Doncastre, où il avait été généralement connu dès son enfance.

Grimstone avait été chez un médecin et lui avait soumis le bouton pour qu’il l’examinât. Les taches qu’il y avait dessus étaient bien ce que l’agent avait supposé : du sang, et le chirurgien découvrit un tout petit morceau de cartilage adhérent à l’anneau ébréché du bouton ; mais le même chirurgien déclara que ce projectile n’avait pas pu servir au meurtrier de Conyers. Il n’avait pas traversé le corps ; il avait seulement fait une blessure superficielle.

Grimstone devait donc suivre la trace de l’une des bank-notes ; et, dans ce dessein, lui et son allié se mirent à suivre l’idiot pour découvrir tous les endroits qu’il avait habitude de fréquenter. Les repaires préférés d’Hargraves étaient au nombre d’une demi-douzaine d’auberges très-obscures ; Grimstone alla en personne dans chacune d’elles.

Mais il ne put rien découvrir. Toutes ses recherches