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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/244

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AURORA FLOYD

aboutirent seulement à savoir qu’on n’avait pas vu Hargraves changer ou essayer de changer quelque billet que ce soit. Il avait payé tout ce qu’il avait consommé et avait dépensé davantage qu’il n’en avait l’habitude ; en outre, il avait bu beaucoup plus qu’il ne l’avait jamais fait auparavant. Mais il avait payé en argent, sauf dans une occasion où il avait changé un souverain. L’agent alla à la Banque ; mais on n’y avait vu personne répondant au signalement d’Hargraves. Il chercha à découvrir quelque ami ou compagnon de l’idiot ; mais là encore il se trouva en défaut ; le familier à moitié imbécile des écuries de Mellish ne s’était jamais fait d’amis, car il était entièrement dépourvu de qualités sociales.

La manière dont Grimstone s’efforçait de se rendre maître de toutes les informations qu’il désirait avoir, était quelque chose de vraiment merveilleux ; et, dans l’après-midi, le lendemain de son entrevue avec le jardinier Dawson, il avait fait en sorte de mettre de côté tous les faits établis ci-dessus, et avait réussi à capter la confiance de la vieille propriétaire de l’humble demeure dans laquelle Hargraves avait élu domicile.

Il est à peine nécessaire pour cette histoire de dire comment l’agent se mit à l’œuvre, car tandis qu’Hargraves s’épaississait la cervelle avec de la bière dans une salle basse des environs, et que l’allié de Grimstone faisait bonne garde et se tenait prêt à donner l’éveil sur tous les mouvements de l’individu soupçonné, Grimstone interrogeait si habilement l’hôtesse de l’idiot qu’en moins d’un quart d’heure il avait pris possession de cette faible intelligence, et qu’il put faire ce qu’il voulut de la vieille et de son misérable logis.

Son plaisir particulier était de faire un examen détaillé de la chambre occupée par l’idiot, et des autres pièces, des buffets et des cachettes dans lesquels Hargraves avait accès. Mais il ne trouva rien qui le récompensât de sa peine. La vieille femme avait l’habitude de recevoir des locataires de passage se reposant une nuit ou deux à Doncastre avant d’aller plus avant dans leurs courses vagabondes, et l’habi-