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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/245

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AURORA FLOYD

tation, composée de six chambres, était meublée d’une façon si mesquine que l’on pouvait prévoir dès l’entrée qu’il n’y aurait à payer que de quatre à six pence pour une nuit. Il y avait peu de cachettes, point de tapis sous lesquels on aurait pu cacher de gros rouleaux de bank-notes, point de cadres de tableaux derrière lesquels le même genre de propriété aurait pu être celée, point de corniches massives ou de cartonnières aux franges épaisses couvrant les rideaux et offrant des cachettes poudreuses dans lesquelles les titres d’une demi-douzaine de fortunes pouvaient rester et pourrir. Il y avait deux ou trois recoins dans lesquels Grimstone pénétra avec une chandelle : mais il ne découvrit rien de plus important que de la faïence, des allumettes, du bois à brûler, des pommes de terre, des cordes sur lesquelles pendait par-ci par-là un oignon qui poussait tristement dans ces sombres solitudes à l’ombre de bouteilles de gingerbeer vides, d’écailles d’huîtres, de vieux souliers et de vieilles bottes, de souricières en désordre, de filets noirs, de champignons humides s’élevant comme des spectres dans l’humidité et l’obscurité.

Grimstone sortit sale et mal à son aise d’une de ces sombres cachettes, après une recherche infructueuse qui l’avait occupé et fatigué pendant deux heures.

— D’autres feront l’affaire et me couperont l’herbe sous le pied si je perds ainsi mon temps, — pensa l’agent. — L’homme a l’argent sur lui, c’est aussi clair que le jour ; et quand bien même j’aurais le loisir de fouiller Doncastre jusqu’à ce que mes cheveux grisonnent, je ne trouverais pas ce que je désire.

Grimstone ferma la porte du dernier buffet qu’il avait examiné avec une violente impatience, et se tourna ensuite vers la fenêtre. Il n’y avait aucune trace de sa vedette dans la petite allée devant la maison, et il eut le temps de pousser plus loin les choses.

Il avait tout examiné dans la chambre de l’idiot, et avait particulièrement fait attention à la garde-robe d’Hargraves, qui consistait en une pile de vêtements, dont chacun portait dans sa coupe et sa mode le cachet d’une individualité dif-