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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/255

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AURORA FLOYD

— Ce train atteindra Penistone à temps pour rejoindre celui de Liverpool, n’est-ce pas ? — demanda-t-il.

— Juste à temps.

— Quand est-il parti ?

— Le train de Penistone ?

— Oui.

— Il y a environ une demi-heure ; à deux heures trente.

La cloche avait frappé trois heures quand Grimstone se dirigeait vers la station.

— Il y a une demi-heure, — murmura l’agent. — Il a eu amplement le temps de prendre le train après avoir perdu Chivers.

Il demanda aux gardes et aux porteurs si personne n’avait vu un homme semblable au signalement de l’idiot : visage pâle, bossu, en culotte de velours à côtes et en jaquette de futaine : il pénétra même dans le cabinet de l’employé aux billets pour lui faire la même question.

Personne n’avait vu Hargraves. Deux ou trois le reconnurent à la description de l’agent, et demandèrent si c’était un des garçons d’écurie de Mellish Park que ce monsieur cherchait. Grimstone évita une réponse directe à cette question. Le secret était, comme nous le savons, le principe d’après lequel il menait ses affaires.

— Il peut être arrivé à leur fausser compagnie à tous, — dit-il confidentiellement à son fidèle, mais abattu allié. — Il peut être parti sans qu’un d’eux l’ait vu. Il a pris l’argent sur lui, j’en suis certain, et son jeu est d’aller à Liverpool. Ses recherches d’hier à propos des trains le prouvent. Je pourrais télégraphier et le faire arrêter à Liverpool, supposant qu’il nous a tous joués et qu’il est là, si je voulais laisser entrer les autres dans mon jeu, mais je ne veux pas. Je gagnerai ou je perdrai, mais je jouerai seul. Il peut essayer un autre détour et partir pour Hull par les bateaux des canaux que les gens du marché prennent, et ensuite filer vers Hambourg ou quelque chose comme cela ; mais cela n’est pas probable, ces gens-là suivent toujours le même chemin. Il semble que si un homme a tué un autre homme,