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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/268

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AURORA FLOYD

pleines de rosée et quelques herbes qui étaient à sa portée.

L’héritier de sir John Walter Raleigh Bulstrode rampa vers le cottage, ne faisant pas plus de bruit que s’il avait été élevé pour la profession de Grimstone, choisissant les passages où il y avait de l’herbe sous les arbres pour étouffer ses pas prudents. Lorsqu’il s’approcha de la barrière en bois qui fermait le petit jardin du cottage, la lumière qui avait si vite disparu reparut derrière le rideau blanc de la fenêtre d’en haut.

— C’est singulier, — murmura Bulstrode en regardant cette faible lueur ; mais je suis sûr qu’il n’y a rien. Les idées que m’inspire cet endroit sont assez fortes pour taire attacher une folle importance a tout ce qui s’y rapporte. Je crois que j’ai entendu dire à John que les jardiniers y rangeaient leurs instruments, et je suppose que c’est l’un d’eux. Mais il est trop tard, cependant pour qu’ils soient à l’ouvrage.

Dix heures avaient sonné pendant que Bulstrode revenait à la maison, et il était tout à fait improbable qu’un des domestiques de Mellish fût dehors à cette heure.

Talbot se dirigea vers la porte, irrésolu sur ce qu’il ferait ensuite, mais profondément déterminé à avoir le dernier mot de ce visiteur attardé au cottage du nord, quand l’ombre d’un homme passa à travers le rideau, une ombre encore plus fatale et plus gauche que presque toutes choses ne peuvent l’être : l’ombre d’un homme avec une bosse !

Bulstrode ne poussa aucun cri de surprise, mais son cœur battit violemment et le sang lui monta au visage. Il ne se souvenait pas d’avoir vu l’idiot, mais il l’avait toujours entendu décrire comme ayant une bosse. Il ne pouvait y avoir aucun doute sur l’identité de l’ombre : il y avait encore bien moins de doute qu’Hargraves fût venu dans cet endroit pour de mauvais desseins. Qui pouvait l’amener là, à cette place que par-dessus toutes les autres, s’il était coupable, il devait éviter ? Stupide, à demi idiot, comme on le supposait, il est certain que la terreur commune au plus bas assassin, moitié brute, moitié Caliban, aurait dû le chasser de cet endroit. Ces pensées ne l’occu-