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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/269

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AURORA FLOYD

pèrent que quelques instants où le violent battement de cœur de Bulstrode le retint sans pouvoir bouger ni agir ; ensuite, poussant la porte, il se précipita à travers le jardin, marchant sur les couches de fleurs négligées, et il essaya doucement d’ouvrir la porte. Elle était fortement fermée par une lourde chaîne et un cadenas.

— Il est entré par la fenêtre alors, — pensa Bulstrode. — Au nom du ciel, quel motif l’a fait venir ici ?

Talbot avait raison. La petite fenêtre grillée avait été presque arrachée de ses gonds et pendait parmi le feuillage en désordre qui l’entourait. Bulstrode n’hésita pas un moment à plonger la tête la première dans l’étroite ouverture par laquelle l’idiot devait avoir trouvé son chemin, et grimpa comme il put dans la petite chambre. Le treillage, traîné plus loin, pendait avec bruit derrière lui, mais pas assez pour servir d’avertissement à Hargraves, qui apparut au même moment sur la plus haute marche d’un étroit escalier tournant. Il portait une chandelle dans un mauvais chandelier d’étain à la main droite, et il avait une petite valise sous le bras gauche. Sa figure n’était pas plus blanche que d’habitude, mais son corps fut une affreuse vision pour Bulstrode, qui ne l’avait jamais vu ou qui ne l’avait jamais remarqué. L’idiot recula avec un geste d’une effroyable terreur quand il vit Talbot, et une boîte d’allumettes, qui était dans le chandelier, roula sur le plancher.

— Que faites-vous ici, — demanda Bulstrode fermement, — et pourquoi êtes-vous entré par cette fenêtre ?

— Je ne faisais aucun mal, — gémit piteusement l’idiot ; — et ce n’est pas votre affaire, — ajouta-t-il avec un faible essai d’insolence.

— C’est mon affaire. Je suis le parent et l’ami de M. Mellish, et j’ai lieu de soupçonner que vous n’êtes pas ici dans un bon dessein, — répondit Talbot. — Je veux savoir pourquoi vous êtes venu.

— Je ne suis pas venu pour voler, — dit Hargraves ; — il n’y a que des chaises et des tables ici, et je ne suis pas probablement venu pour les emporter.

— Peut-être non : mais vous êtes venu pour quelque