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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/270

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AURORA FLOYD

chose, et je veux savoir ce que c’est. Vous ne seriez pas venu ici, si vous n’aviez eu une forte raison. Qu’avez-vous là ?

Bulstrode désigna le paquet que portait l’idiot. Les petits yeux rouges-bruns d’Hargraves évitaient ceux de son interlocuteur, et faisaient croire qu’il se trompait sur la direction dans laquelle Talbot regardait.

— Qu’avez-vous là ? — répéta Bulstrode. — Vous savez assez ce que je veux dire. Qu’avez-vous là dans ce paquet, sous votre bras ?

L’idiot serra convulsivement le sombre paquet, et fixa le questionneur avec quelque chose de la sauvage terreur d’un animal aux abois, sauf que, dans sa virilité brutale, il était plus gauche et peut-être plus répulsif que le plus laid des plus immondes animaux.

— Ce n’est pas à vous, ni à personne autre, — balbutia-t-il en boudant. — Je crois qu’un pauvre diable comme moi peut bien chercher le peu d’habits qu’il a sans qu’il soit traité ainsi.

— Quels habits ? Laissez-moi voir ces habits.

— Non, je ne veux pas ; ils ne sont pas à vous. Ils… C’est seulement un vieux gilet qui m’a été donné par un des garçons d’écurie.

— Un gilet ! — s’écria Bulstrode. — Faites-le-moi voir à l’instant. Un de vos gilets a été particulièrement réclamé, Hargraves. C’est un gilet couleur chocolat, avec des raies jaunes et des boutons en cuivre, si je ne me trompe. Faites-le voir.

Talbot avait presque perdu la respiration par suite de sa grande émotion.

L’idiot le regarda en face et les yeux hagards à la description du gilet ; mais il était trop stupide pour comprendre tout de suite la raison pour laquelle on lui demandait ce vêtement. Il recula de quelques pas, et prit son élan vers la fenêtre ; mais les mains de Talbot le retinrent par le collet comme dans un étau.

— Vous ferez mieux de ne pas lutter avec moi, — dit Bulstrode. — J’ai été accoutumé à me rencontrer avec les