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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/271

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AURORA FLOYD

Cipayes révoltés des Indes, et j’ai combattu le tigre. Montrez-moi ce gilet ?

— Je ne veux pas.

— Par le ciel qui est au-dessus de nous, vous le montrerez !

— Je ne veux pas.

Les deux hommes se tenaient serrés l’un contre l’autre dans un combat corps à corps. Vigoureux comme était le soldat, il trouva qu’il avait affaire à forte partie dans Hargraves, dont la structure épaisse, les larges épaules, les bras nerveux étaient presque herculéens dans leur construction. Le combat dura un temps considérable, ou pendant un temps qui parut très-long aux deux combattants ; mais, à la fin, il arriva à son terme, et l’héritier de tous les Bulstrode, le commandant d’un escadron, l’homme qui avait combattu les Sikhs avides de sang, et s’était élancé contre les bouches des canons russes à Balaclava, sentit qu’il ne pouvait plus résister davantage contre le demi-idiot des écuries de Mellish. Les doigts calleux de l’idiot étaient sur son cou, les longs bras de l’idiot étaient tordus autour de lui, et en un moment Talbot Bulstrode fut étendu sur le plancher du cottage du nord, ayant le genou de l’idiot planté sur sa poitrine oppressée.

Un moment après, dans le clair-obscur de la lune, le chandelier avait été jeté à terre et foulé aux pieds, l’héritier de Bulstrode Castle vit Hagraves fouillant avec sa main libre dans sa poche de devant.

Un moment de plus, et Bulstrode entendit le bruit sec et métallique qui est inséparable de l’ouverture d’un couteau.

— Hé ! hé !… — siffla l’idiot avec son souffle chaud tout près des joues de l’homme qui était par terre, — vous désiriez voir mon gilet ; mais vous ne le verrez pas, car je ferai votre compte comme j’ai fait le sien. Il n’est pas probable que je vous laisse entre moi et deux mille livres.

Bulstrode avait une faible notion qu’une large lame de Sheffield étincelait dans le clair de lune argenté ; mais à ce moment ses sens devinrent confus sous l’étreinte de fer de