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Page:Braddon - Aurora Floyd, 1872, tome II.djvu/275

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AURORA FLOYD

privée ? La fin est arrivée, L’élément dramatique qui a été intercalé dans l’histoire d’un simple propriétaire du comté d’York et de sa femme, est dorénavant banni des annales de leur vie. Le sombre épisode qui commence à la folie d’Aurora Floyd et touche à son apogée par le crime d’un domestique à moitié insensé, a été décrit depuis le commencement jusqu’à la fin. Il serait plus dangereux qu’utile de s’arrêter à décrire le jugement qui eut lieu à York, aux assises de Noël. Les preuves contre Stephen Hargraves furent accablantes, et la potence, devant le château d’York, mit fin à la vie d’un homme qui n’avait jamais été aidé ni consolé par aucun de ses semblables. On tenta de faire accepter la non-responsabilité de l’idiot, et le sobriquet qui lui avait été donné fut présenté comme excuse dans sa défense ; mais le jury, considérant les circonstances de ce meurtre, n’y vit autre chose qu’un assassinat commis de sang-froid, par un misérable dont le seul motif était la cupidité ; et le verdict qui condamna Stephen Hargraves ne fut pas accompagné par un recours en grâce. Le condamné protesta de son innocence jusqu’à la nuit qui précéda l’exécution ; mais pendant cette dernière nuit il fit l’aveu de son crime, comme c’est généralement l’habitude des gens de cette nature. Il raconta comment il avait suivi Conyers dans le bois la nuit de son rendez-vous avec Aurora, et comment il avait surveillé et écouté leur entrevue. Il avait tiré sur l’entraîneur, par derrière, tandis que Conyers était assis au bord de l’eau, regardant les billets dans le portefeuille, et il s’était servi d’un bouton de son gilet en guise de bourre, ne trouvant rien de plus convenable sous sa main. Il avait caché le gilet et le portefeuille dans un trou de la boiserie de la chambre de sa victime, et ayant été renvoyé subitement du cottage, il avait été forcé de laisser son butin derrière lui plutôt que d’exciter les soupçons. C’est ainsi qu’il était revenu la nuit où Talbot l’avait trouvé, pensant assurer sa prise, et partir pour Liverpool à dix heures le lendemain matin.

Aurora et son époux quittèrent Mellish Park immédiatement après l’entrée de l’idiot dans la prison d’York. Ils