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HENRY DUNBAR

été envoyé dans l’Inde à la suite d’une grande faute commise dans sa jeunesse.

Il avait fait un faux. Il avait, ou plutôt son complice avait, d’après ses ordres, contrefait la signature d’un jeune homme de grande famille, officier comme Henry et dans le même régiment, et il avait livré à la circulation de fausses lettres de change dont le total s’élevait à trois mille livres sterling.

Ces traites furent acceptées et dûment payées par les chefs de la maison. Percival paya volontiers trois mille livres pour que son fils ne fût pas déshonoré. Ce qui aurait été un crime chez un homme sans fortune fut envisagé comme une simple folie chez l’élégant cornette de dragons qui avait perdu de l’argent sur le turf, et qui avait préféré contrefaire la signature d’un ami à ne pas payer une dette de jeu.

Son complice, l’homme qui avait à cette époque fabriqué les fausses signatures, était le frère cadet de Wilmot, auquel on avait donné quelques mois auparavant un emploi de garçon de caisse dans la banque ; ce frère était un garçon de dix-neuf ans, presque un enfant ; insouciant et susceptible de subir facilement l’influence de l’élégant officier qui avait besoin de ses services.

L’escompteur qui accepta les billets découvrit facilement qu’ils étaient faux, mais il comprit que l’argent ne serait pas perdu.

Lord Adolphus Vanlorme était le client de la maison Dunbar et Dunbar ; les escompteurs n’ignoraient pas que sa signature était fausse : mais ils surent aussi que la signature du tireur, Henry Dunbar, était vraie.

MM. Dunbar et Dunbar ne se soucieraient pas de voir l’héritier de leur maison au banc des accusés.

Il n’y eut donc pas de saisie, pas de scandale, pas de poursuite. Les traites furent payées ; mais le jeune officier se vit contraint de vendre sa commission, et de recommencer une nouvelle carrière en qualité de