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HENRY DUNBAR

Tel était le père dont Laura attendait l’arrivée avec une vive impatience, avec un cœur débordant d’amour et de tendresse.

C’était une très-belle jeune fille, si belle que sa présence faisait reflet des rayons du soleil et donnait de la splendeur à l’endroit le plus vulgaire. Il y avait dans sa beauté une majesté qu’elle tenait de la famille de sa mère. Mais quoique sa beauté fût majestueuse, elle n’avait rien d’impérieux. Il n’y avait dans son extérieur aucun orgueil visible, dans sa figure mobile aucune froideur hautaine. Elle était bien la femme qu’on pourrait s’imaginer assise à côté d’un roi anglais, et intercédant en faveur de tous les solliciteurs tremblants, agenouillés sur les marches du trône. Elle eût été à sa place sous le dais royal, car, au moral comme au physique, elle était digne d’être reine. Elle ressemblait à un lis blanc, à la tige élancée, qui ignore sa beauté et sa splendeur, et les plus viles natures sentaient s’éveiller en elles un vague sentiment poétique quand elles approchaient d’elle.

Elle avait été gâtée par une nourrice qui l’adorait, par une gouvernante dévouée, par des maîtres qui étaient devenus amoureux fous de leur élève, et par des serviteurs tout prêts à se prosterner devant leur jeune maîtresse. On lui avait permis de faire tout ce qui lui plaisait, d’aller où elle voulait, aussi libre que les papillons, après lesquels elle courait, de semer l’argent à droite et à gauche, de se laisser tromper par chaque vagabond qui trouvait le chemin de sa porte, de monter à cheval, de chasser, de se promener en voiture, bref, de faire complètement à sa guise. Et je suis bien forcée d’avouer que cette indulgence folle et irrépréhensible avait eu pour conséquence de faire de la jeune héritière de Maudesley Abbey la plus charmante femme du comté de Warwick.

Elle était un peu capricieuse, un peu volontaire, il