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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

faut en convenir. Mais c’était précisément là ce qui donnait à ce lis, jeune et beau, le piquant qui lui aurait manqué. Les lis blancs ne sont jamais plus beaux que lorsqu’ils se balancent capricieusement au souffle de la brise d’été, et si Laura Dunbar s’emportait un peu quand on essayait de la contrarier, si ses grands yeux bleus, en pareille circonstance, s’animaient d’un éclat soudain représentant à merveille le pâle rayon du soleil qui perce un sombre nuage, il ne manquait pas de jeunes gens dans le comté tout prêts à affirmer que la vue de cet éclair de colère féminine valait bien la peine d’encourir le mécontentement de Mlle Laura Dunbar.

Elle n’avait que dix-huit ans et n’avait pas encore paru dans le monde. Mais elle avait déjà vu une société très-nombreuse, car son grand-père s’était fait un plaisir de l’avoir constamment avec lui.

Elle fit le voyage de Maudesley Abbey à Portland Place, en compagnie de sa nourrice, une certaine Élisabeth Madden, qui avait été la suivante de lady Louisa avant son mariage avec le capitaine Macmahon, et qui était très-attachée à la jeune orpheline.

Mais Mme Madden ne fut pas la seule compagne de Laura en cette occasion. Elle était accompagnée de sa sœur utérine, Dora Macmahon, qui pendant les dernières années avait passé presque tout son temps à l’abbaye à la grande joie de Laura. L’escorte ne faisait pas défaut non plus à cette petite réunion, car Arthur Lovell, le fils du premier avoué de la ville de Shorncliffe, près de Maudesley Abbey, accompagnait Mlle Dunbar à Londres.

Ce jeune homme avait été le favori de Percival Dunbar et faisait de fréquentes, visites au château. Avant de mourir, le vieillard recommanda à Arthur Lovell d’agir en tout comme l’ami et le conseiller légal de Laura, et le jeune avoué fit preuve de beaucoup