Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
107
HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

— J’irai dans l’Inde, — dit-il ; — car si jamais je dois obtenir la main de Laura, ce ne sera qu’en réussissant. Mais avant de partir, je lui dirai que je l’aime. Si elle répond à mon amour, mes efforts ne me coûteront rien, car je les ferai pour elle, Si elle n’y répond pas…

Il n’acheva pas sa phrase, même mentalement. Il ne pouvait se résoudre à croire qu’il entendrait jamais le glas de sa mort des lèvres de celle qu’il adorait. Il avait volontiers profité de l’occasion qui lui était offerte par cette visite à la maison de ville.

— Je lui parlerai avant le retour de son père, — songeait-il ; elle m’avouera franchement la vérité, et sans la moindre crainte, car il est dans sa nature d’être aussi candide et aussi peu craintive qu’un enfant. Mais le retour de son père peut la changer. Elle l’aime et se laissera gouverner par lui. Dieu veuille qu’il la gouverne avec sagesse et douceur !

Le 17 du mois d’août, Laura et Mme Madden arrivèrent à Portland Place.

Arthur se sépara de sa belle cliente à la gare et se fit conduire à l’hôtel où il avait l’habitude de descendre. Il rendit visite à Mlle Dunbar le 18, mais elle était sortie faire des emplettes avec Mme Madden. Il revint dans la matinée du 19, cette brillante matinée d’août pendant laquelle le cadavre de l’homme assassiné gisait dans la chambre noire de Winchester.

Il n’était que dix heures quand le jeune avoué parut dans l’élégant boudoir que Laura occupait le matin chaque fois qu’elle était à Portland Place. La desserte du déjeuner était encore sur un guéridon au milieu de la chambre. Mme Madden, qui était à la fois dame de compagnie, femme de charge, et camériste de sa jeune maîtresse, servait à table ; Dora était assise près d’elle, un livre ouvert à sa portée, et Laura était assise dans un fauteuil auprès d’une large fenêtre ouvrant sur une serre pleine de plantes exotiques qui imprégnaient