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HENRY DUNBAR

peu hautain dans ses manières envers les étrangers, mais affable et ayant son franc parler avec ceux qui lui plaisaient. Il était très-extravagant, généreux et prodigue de son argent, mais emporté et volontaire. Il n’est pas très-étonnant qu’il en fût ainsi, car il était fils unique ; il n’avait ni frère ni sœur pour l’arrêter dans ses écarts ; et son oncle Hugh, qui approchait alors de la cinquantaine, ne devait pas se marier. Henry pouvait donc se considérer comme l’héritier d’une immense fortune.

— Et il commença par gaspiller tout l’argent qu’il put se procurer, n’est-ce pas ? — dit Balderby.

— Oui, monsieur. Son père était très-libéral envers lui ; mais, quelque argent qu’il lui donnât, M. Percival ne pouvait empêcher son fils d’avoir des dettes de jeu et de perdre de fortes sommes sur le turf. Le régiment de M. Henry était en garnison à Knightsbridge, et le jeune homme venait très-souvent dans les bureaux, quelquefois même deux ou trois fois par semaine, et je pense que chaque fois qu’il venait c’était pour chercher de l’argent ou en demander. Ce fut en faisant ces visites qu’il rencontra mon frère, qui était un beau garçon ; oui, aussi beau et aussi distingué que le jeune cornette lui-même, car le pauvre Joseph… c’est le nom de mon frère, messieurs… avait reçu une éducation qui n’était pas en rapport avec sa position. Il était le favori de ma mère et de quinze ans plus jeune que moi. M. Henry remarqua Joseph et causait avec lui d’habitude en attendant qu’il pût voir son oncle ou son père. Enfin, il demanda un jour à mon frère si cela lui plairait de quitter la banque et d’aller vivre avec lui comme serviteur de confiance. « Je ne vous traiterai pas comme un domestique, Joseph, dit-il ; vous serez mon compagnon et vous irez partout avec moi. Vous trouverez ma caserne beaucoup plus agréable que cette vieille maison moisie ; c’est moi qui vous le