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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Il y eut une pause durant laquelle le coroner sembla réfléchir profondément.

— Je suis forcé de vous faire encore une question, monsieur Dunbar, — dit-il au bout d’un moment avec un peu d’hésitation.

— Je suis prêt à répondre à toutes les questions qu’il vous plaira de m’adresser, répliqua Dunbar d’un ton très-calme.

— Étiez-vous dans de bons termes avec le défunt ?

— Je viens de vous le dire à l’instant, nous étions dans d’excellents termes. Je le trouvais agréable compagnon ; ses manières étaient celles d’un gentleman. Je ne sais pas comment il avait fait son éducation, mais, de manière ou d’autre, il s’était arrangé pour avoir une certaine érudition.

— Je comprends que vous étiez amis au moment de sa mort ; mais avant cette époque ?…

Dunbar sourit.

— J’ai habité l’Inde pendant trente-cinq ans, — dit-il.

— Précisément. Mais avant voire départ pour l’Inde, n’y eut-il pas quelque malentendu, quelque querelle sérieuse entre vous et le défunt ?

Dunbar rougit tout à coup, et ses sourcils se contractèrent comme si tout son empire sur lui ne suffisait pas contre les souvenirs désagréables du passé.

— Non, — dit-il résolûment, je n’eus jamais de querelle avec lui.

— N’y eut-il pas de motifs d’hostilité entré vous ?

— Je ne comprends pas votre question. Je vous dis que je n’eus jamais de querelle avec lui.

— Peut-être non ; mais il aurait pu y avoir quelque animosité cachée, quelque sentiment étouffé plus fort qu’une colère franchement exprimée. Existait-il un sentiment de cette nature ?

— Pas chez moi.

— Et chez le défunt ?