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HENRY DUNBAR

George établirent seulement que les deux hommes étaient arrivés à l’hôtel ensemble, qu’ils avaient paru de très-belle humeur et dans de très-bons rapports, que Dunbar s’était beaucoup inquiété de l’absence de son compagnon, et qu’il avait retardé son dîner jusqu’à neuf heures.

La liste des témoins étant épuisée, les jurés se retirèrent.

Ils furent absents environ un quart d’heure et reparurent ensuite avec un verdict de meurtre prémédité et accompli par une ou plusieurs personnes inconnues.

Dunbar, Lovell et Balderby retournèrent à l’hôtel. Il était plus de six heures quand l’enquête du coroner fut terminée, et les trois hommes se mirent à table à sept heures.

Le dîner ne fut pas gai ; l’esprit de chacun des trois convives était oppressé. Le terrible événement du jour précédent avait sur lui une sombre influence. Ils ne pouvaient causer librement sur ce sujet horrible, car c’était un thème de conversation trop douloureux, et il leur semblait presque impossible de parler d’autre chose.

Lovell avait remarqué avec surprise que Dunbar n’avait pas une seule fois parlé de sa fille. Et pourtant il n’y avait là rien de bien étrange ; le nom de son enfant eût sonné désagréablement aux oreilles du père en pareille circonstance.

— Vous écrirez à Mlle Dunbar ce soir, n’est-ce pas, monsieur ? — dit enfin le jeune homme ; — elle a dû être bien inquiète de nous tous aujourd’hui. Elle a été alarmée par votre message à M. Balderby.

— Je n’écrirai pas, — répondit le banquier, — car j’espère voir ma fille ce soir.

— Vous quitterez Winchester, ce soir, alors.

— Oui, par l’express de dix heures quinze minutes.