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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

maison de banque de Saint-Gundolph Lane. L’affaire fut ensuite ajournée, et le prisonnier reconduit en prison, quoique Lovell prétendît que rien ne justifiât sa détention.

Dunbar protesta toujours contre toute offre de caution ; il déclara de nouveau qu’il aimait mieux rester en prison que d’être libre sous condition et de paraître dans le monde en homme soupçonné.

— Je ne quitterai pas la prison de Winchester, — dit-il, — tant que ma réputation ne sera pas lavée aux yeux de tout le monde.

Il avait été traité avec le plus grand respect par les geôliers et on lui avait fourni un logement décent. Lovell et Balderby avaient accès auprès de lui chaque fois qu’il voulait bien les recevoir.

En attendant, il n’y avait dans tout Winchester qu’un cri d’indignation contre ceux qui avaient fait arrêter le millionnaire.

Un gentleman anglais, un homme dont la fortune était quelque chose de fabuleux, revenait de l’Inde et il s’empressait d’aller embrasser sa fille unique, mais à peine avait-il mis le pied sur le sol natal, que de stupides constables s’emparaient de lui et le jetaient en prison. N’était-ce pas révoltant ?

Lovell se voua noblement au service du père de Laura. Il n’avait pas un goût bien prononcé pour cet homme, bien qu’il désirât l’aimer, mais il le croyait innocent du crime odieux qu’on lui imputait, et il était résolu à prouver son innocence à tout le monde.

Dans ce but, il mit la police sur les traces de l’homme à mine farouche, du colporteur qui avait été vu dans le petit bois le jour du meurtre.

Il quitta lui-même Winchester pour aller à la recherche du malade, Sampson Wilmot. Le témoignage de celui-ci serait très-important dans cette affaire, et il