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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

CHAPITRE XIV

Le voyage de Margaret.

Pendant que tout ceci se passait à Winchester, Margaret attendait le retour de son père. Cette longue attente lui déchirait le cœur, mais elle ne désespérait pas de le revoir. Il avait promis d’être rentré vers dix heures dans la soirée du 16, mais il n’était pas homme à tenir toutes ses promesses. Il l’avait souvent quittée de la même manière et s’était absenté plusieurs fois pendant des jours et des semaines entières.

Il n’y avait donc rien d’extraordinaire dans son retard, et, si la jeune fille était chagrine, ce n’était pas par crainte que son père ne revînt plus, mais parce qu’elle songeait à quelle œuvre déshonnête il pouvait être occupé durant son absence.

Elle savait maintenant qu’il avait mené une vie déshonorante. C’était lui-même qui lui avait avoué cette cruelle vérité. Elle ne pourrait plus le défendre quand on l’attaquerait. Dorénavant, elle devrait se contenter d’intercéder pour lui.

La pauvre Margaret avait été fière de son père, quelque réprouvé qu’il fût ; elle avait été fière de ses allures de gentleman, de son intelligence, de son air de supériorité sur les autres hommes de son rang, et la certitude qu’il était coupable la mordait au cœur. Elle avait pitié de lui, et elle essayait de trouver des excuses au mal qu’il avait fait ; et à chacune de ses