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HENRY DUNBAR

— Oui, mon enfant, M. Dunbar, le riche banquier. Je me suis beaucoup intéressée à cet événement, parce que mon fils est employé dans la maison de banque de M. Dunbar. Il paraît qu’un vieux serviteur, un valet de confiance de M. Dunbar, a été assassiné à Winchester ; et tout d’abord M. Dunbar lui-même a été soupçonné du crime, quoique la chose soit évidemment d’un ridicule achevé. Pour quel motif aurait-il pu assassiner son ancien domestique ? Pourtant, il a été soupçonné, et quelque stupide magistrat de province l’a fait arrêter. Il y a eu un interrogatoire la semaine passée, et cet interrogatoire a été ajourné à aujourd’hui même. Nous ne saurons le résultat que demain.

Margaret était assise et écoutait, la figure pâle comme celle d’une morte.

Clément s’aperçut du changement terrible survenu en elle.

— Ma mère, — dit-il, — vous ne devriez pas parler de ces choses-là devant Mlle Wentworth ; vous l’avez tout effrayée. Souvenez-vous qu’elle peut ne pas être aussi forte d’esprit que vous.

— Non… non… — dit Margaret d’une voix étouffée, — je… je… désire tout entendre ; madame Austin, dites-moi le nom de la victime.

— Joseph Wilmot.

— Joseph Wilmot… — répéta Margaret lentement.

Elle avait toujours connu son père sous le nom de James Wentworth, mais n’était-il pas possible, probable même, que Wilmot fût son vrai nom ? Elle avait de bonnes raisons pour soupçonner que celui de Wentworth était faux.

— Je vous prêterai un journal, — dit Mme Austin avec bonté, — si vous désirez réellement connaître les détails de cet assassinat.

— Prêtez-le-moi, s’il vous plaît.

Mme Austin choisit un journal hebdomadaire parmi