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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

commis, — ni moi non plus. Mais j’ai vu le châtiment arriver très-tard, très-tard, alors que le coupable avait presque oublié sa faute. Les mauvais arbres portent de mauvais fruits, monsieur ; l’Écriture le dit, et, croyez-en ma parole, les mauvaises actions ont de funestes conséquences.

— Mais revenons à l’histoire des faux billets, — dit Austin, le caissier, en consultant sa montre pendant qu’il parlait.

Les divagations du vieux commis commençaient évidemment à l’impatienter.

— J’y reviens, monsieur, j’y reviens, répondit Wilmot. — L’un des billets fut donc présenté à notre caisse, et le caissier ne trouva pas à sa guise la signature de lord Vanlorme. Il porta le billet à l’inspecteur, et l’inspecteur lui dit : « Payez ce billet, mais ne le portez pas au débit de Sa Seigneurie. » Environ une heure après, l’inspecteur présenta le billet à M. Percival, et, dès que celui-ci eut fixé les yeux dessus, il vit comme le caissier que la signature de lord Vanlorme était contrefaite. Il m’envoya chercher, et, lorsque j’entrai chez lui, il était blanc comme un linge, le pauvre monsieur. Il me tendit le billet sans mot dire, et, quand je l’eus regardé, il me dit : Votre frère est au fond de toutes ces affaires, Sampson. Vous rappelez-vous cette demi-feuille de papier que j’ai trouvée un jour dans un buvard ; cette demi-feuille de papier couverte de l’imitation de deux ou trois signatures ? Je demandai qui avait copié ces signatures, et votre frère convint, en riant de sa propre habileté, qu’il en était l’auteur. Dangereuse facilité ! lui dis-je ; et aujourd’hui il vient de prouver la vérité de mes paroles en aidant mon fils à devenir un faussaire et un voleur. On fera honneur à ces signatures, dussé-je sacrifier pour cela la moitié de ma fortune. Dieu sait combien d’autres billets sont en circulation. Il y a certains faux billets qui valent