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HENRY DUNBAR

autant que les bons, et les juifs qui les ont escomptés le savaient. Si mon fils vient à la banque ce matin, envoyez-le-moi.

— Et le jeune homme vint-il ?

— Oui, monsieur ; moins d’une demi-heure après que j’eus quitté le cabinet de M. Percival, M. Henry arriva tout fringant et entra dans la maison en faisant autant de vacarme que s’il eût été tout à fait chez lui. « Voulez-vous monter dans le cabinet de votre père, monsieur, lui dis-je. Il tient beaucoup à vous voir. » Le cornette allongea les lèvres, et sa figure devint affreusement pâle en entendant cela, mais il fit semblant de ne pas s’en préoccuper et me suivit dans le cabinet de M. Percival. « Il n’est pas nécessaire que vous vous retiriez, Sampson, me dit M. Hugh, qui était assis en face de son frère au bureau. Vous pouvez tout aussi bien entendre ce que j’ai à dire. Je veux que quelqu’un sur qui je puisse compter soit au courant de toute cette affaire, et je pense que nous pouvons compter sur vous ? — Oui, messieurs, répondis-je, vous pouvez avoir confiance en moi. — Que signifie tout ceci ? » demanda M. Henry, feignant l’innocence et la surprise bien inutilement, car ses lèvres tremblaient si fort que cela faisait mal de le regarder. « Qu’y a-t-il ? » ajouta-t-il. M. Hugh lui tendit le faux billet. « Voilà ce qu’il y a ! » répliqua-t-il. Le jeune homme balbutia en essayant de nier qu’il connût le billet qu’on lui mettait sous les yeux, mais son oncle lui coupa la parole. « N’ajoutez pas le parjure au crime que vous avez déjà commis, dit-il. Combien y a-t-il de ces billets en circulation ? — Combien ? répéta M. Henry d’une voix mal assurée. — Oui, reprit son oncle, combien ?… Pour quelle somme ? — Trois mille livres, répondit le cornette en baissant la tête. J’avais l’intention de les reprendre avant l’échéance, mon oncle, dit-il ; oui, c’était mon intention ; j’espérais gagner un