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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

le maître concernant les faux billets ne déshonorerait pas que lui, elle déshonorerait aussi son père et son oncle, qui sont tous deux des hommes bons et honorables, et je crois que la honte les tuerait. Rappelez-vous ceci, et gardez le secret de cette terrible histoire. »

La figure d’Arthur devint terriblement sérieuse pendant qu’il lisait ces lignes. Il n’avait entendu jusqu’alors que des allusions à l’histoire du faux sans en connaître les détails. Il avait envisagé ces allusions comme une cruelle calomnie qui prenait peut-être sa source dans quelque erreur sans importance, quelque dette d’honneur non payée, quelque folle affaire de jeu remontant à l’époque de la première jeunesse de Dunbar.

Mais maintenant il avait là sous les yeux la preuve, écrite par le vieux commis, de la réalité de cette vieille histoire. Ces quelques lignes de la lettre de Wilmot suffisaient à fournir un motif au crime.

Le jeune avoué se laissa tomber sur une chaise et réfléchit en silence pendant quelques minutes sur la lettre du vieux commis. Il n’aimait pas Dunbar. Son cœur jeune et généreux qui avait voulu s’offrir au père de Laura s’était replié sur lui-même à sa première rencontre avec l’homme riche. Le désappointement l’avait glacé.

Pourtant, après avoir mûrement pesé la valeur des dépositions à l’enquête du coroner, il en était arrivé à la conclusion que Dunbar était innocent du meurtre de Wilmot. Toutes les charges les plus insignifiantes contre l’Anglo-Indien avaient été prises en considération, et le résultat obtenu avait été la conviction de son innocence.

Mais maintenant il envisageait l’affaire sous un autre point de vue. La lettre du commis fournissait un motif, peut-être un motif valable. Les deux hommes étaient