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HENRY DUNBAR

avez été un mauvais conseiller pour ce jeune homme, et je vous avertis que vous n’aurez de moi aucun certificat. Je respecte votre frère Sampson, et je le garderai à mon service, malgré ce que vous avez fait, mais j’espère ne plus revoir votre figure. Allez ! vous êtes libre ; prenez garde cependant à l’usage que vous ferez à l’avenir des signatures d’autrui, car la prochaine fois vous pourriez ne pas vous en tirer aussi facilement. » Joseph prit son chapeau et se dirigea lentement vers la porte. « Messieurs… messieurs !… m’écriai-je, ayez pitié de lui, songez qu’il est presque enfant encore et que ce qu’il a fait lui a été dicté par son dévouement pour son maître. » M. Hugh secoua la tête. « Je n’ai pas de pitié, répondit-il sévèrement, sans lui son maître n’aurait jamais fait un faux. » Joseph ne souffla mot à ces dures paroles, mais quand sa main se posa sur le bouton de la porte, il se retourna et regarda Henry. « N’avez-vous rien à dire pour ma défense, monsieur ? dit-il tranquillement. Je vous ai été très-attaché, monsieur, et je ne veux pas avoir sur vous de mauvaises pensées au moment de notre séparation. N’avez-vous pas un mot à prononcer en ma faveur ? » M. Henry garda le silence. Il était assis la tête penchée sur sa poitrine, et il semblait ne pas oser lever les yeux sur la figure de son oncle. « Non ! répondit M. Hugh avec autant de sévérité qu’un moment avant, il n’a rien à dire pour vous : allez, et songez que vous l’échappez belle. » Joseph se tourna vers le banquier avec une vive rougeur sur la figure et les yeux flamboyants. « Qu’il songe qu’il l’échappera belle, dit-il en montrant du doigt M. Henry ; qu’il songe qu’il l’échappera belle si à notre première rencontre il n’a rien à payer. » Il était parti avant que quelqu’un lui eût répondu. Alors M. Hugh se tourna vers son neveu. « Quant à vous, dit-il, vous avez été un enfant gâté de la fortune, et vous n’avez pas su apprécier les bonnes