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HENRY DUNBAR

avec mauvaise humeur : « J’irai ; je trouve qu’on me traite cruellement, mais j’irai. »

— Et il partit ? — demanda Balderby.

— Oui, monsieur, — répondit le commis qui avait manifesté beaucoup d’émotion en racontant cette histoire du temps passé. — Il partit, monsieur… il vendit sa commission et quitta l’Angleterre par l’Oronoko. Mais il ne fit ses adieux à personne, et je crois qu’au fond du cœur il n’a jamais pardonné à son père ni à son oncle. Il fit son chemin comme vous savez, monsieur, dans la banque de Calcutta, et parvint lentement à être le directeur de la succursale indienne. Il s’est marié en 1831, et il n’a eu qu’un enfant, une fille qui a été élevée en Angleterre depuis son enfance par son grand-père, M. Percival.

— Oui, — dit Balderby, — j’ai vu Mlle Laura Dunbar à la maison de campagne de son grand-père. C’est une très-belle jeune fille, et Percival l’idolâtrait. Mais, pour revenir à notre affaire, mon bon Sampson, je crois que vous êtes la seule personne de la maison qui ait jamais vu notre chef actuel, Henry Dunbar.

— Je suis, en effet, le seul à le connaître, monsieur.

— Bien. Il doit arriver à Southampton dans moins de huit jours, et il faut que quelqu’un y soit pour le recevoir. Après trente-cinq ans d’absence, il sera complètement étranger en Angleterre, et aura besoin d’un homme d’affaires pour le débarrasser de tous les tracas et s’occuper des détails pour lui. Ces Anglo-Indiens sont généralement indolents, vous savez, et les fatigues du voyage n’auront fait qu’augmenter sa mollesse. Puisque vous le connaissez, Sampson, vous qui êtes un excellent homme d’affaires et aussi actif qu’un jeune homme, je serais charmé que vous allassiez à sa rencontre. Y voyez-vous quelque empêchement ?

— Aucun, monsieur, — répondit le commis. — Je n’aime pas beaucoup M. Henry, car je le regarde tou-