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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

jours comme la cause de la ruine de mon pauvre Joseph, mais je suis prêt à faire vos volontés, monsieur. Ceci est une affaire et je suis toujours disposé à faire n’importe quoi en matière d’affaires. Je ne suis qu’une espèce de machine, monsieur… une machine presque tout à fait usée maintenant… mais tant que je tiendrai bon, employez-moi comme vous l’entendrez, monsieur. Je suis prêt à faire mon devoir.

— Je n’en doute pas, Sampson.

— Quand dois-je partir pour Southampton, monsieur ?

— Mais je pense que vous ferez bien de partir demain, Sampson. Vous quitterez Londres par le train de l’après-midi qui part à quatre heures. Vous terminerez votre besogne ici dans la matinée et vous arriverez à destination entre sept et huit heures. Je laisse tout à votre disposition. Mlle Laura Dunbar viendra en ville pour voir son père à Portland Place. Il tarde beaucoup à la pauvre enfant de revoir celui qu’elle a quitté depuis l’âge de deux ans à peine. C’est chose étrange que l’effet de ces longues séparations. Laura Dunbar pourrait passer dans la rue à côté de son père sans le reconnaître, et pourtant son affection pour lui n’a pas changé durant ces longues années.

Balderby donna au vieux commis un portefeuille contenant six billets de banque de cinq livres.

— Vous aurez besoin de beaucoup d’argent, — dit-il, — quoique assurément M. Dunbar en soit largement pourvu. Vous lui direz que tout sera prêt pour sa réception ici. Je suis réellement très-curieux de voir le nouveau chef de la maison. Je me demande quelle physionomie il a maintenant. À propos, c’est chose singulière qu’il n’existe pas, je crois, de portrait de Henry Dunbar. On fit son portrait quand il était jeune homme, et on l’exposa à l’Académie royale ; mais le père ne fut pas content de la ressemblance et le renvoya à l’artiste, qui promit de le retoucher. Malheureusement cet