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HENRY DUNBAR

artiste, dont le nom m’échappe, retarda de jour en jour l’exécution de sa promesse, et au bout d’un an se rendit d’Angleterre en Italie, emportant avec lui le portrait du jeune homme parmi un grand nombre d’autres toiles sans cadre. Cet artiste ne revint jamais d’Italie, et Percival ne put savoir où il habitait ni s’il était mort ou vivant. J’ai souvent entendu dire que le vieillard regrettait de n’avoir aucun portrait de son fils. Notre chef était beau, je suppose, dans sa jeunesse ?

— Oui, monsieur, — répondit Sampson, — il était très-beau… grand, le teint clair, et les yeux bleus brillants.

— Vous avez vu Mlle Dunbar, ressemble-t-elle à son père ?

— Non, monsieur. Ses traits sont tout différents, et leur expression est plus aimable que celle des siens.

— Ah !… Eh bien, Sampson, nous ne vous retiendrons pas plus longtemps. Vous comprenez ce que vous avez à faire ?

— Oui, monsieur, parfaitement.

— Très-bien alors. Bonsoir. À propos, vous descendrez dans l’un des meilleurs hôtels de Southampton, au Dauphin, par exemple, et vous y attendrez l’arrivée de l’Électre. C’est sur l’Électre que M. Dunbar a pris passage. Encore une fois, bonsoir !

Le vieux commis salua et sortit.

— Eh bien ! Austin, — dit Balderby en se tournant vers le caissier, — nous pouvons nous préparer à voir bientôt notre nouveau chef. Il faut qu’il sache que nous n’ignorons pas complètement l’histoire de ses peccadilles de jeunesse, et il ne pourra guère, j’imagine, se donner de grands airs auprès de nous.

— Je ne suis pas trop sûr de cela, monsieur, — répliqua le caissier. — Si j’ai quelque connaissance de la nature humaine, Henry Dunbar nous détestera à cause de son propre crime, en voyant que nous sommes au