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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

qui les prodigue à trente ou quarante fillettes turbulentes, au milieu d’une vaste salle poudreuse à fenêtres sans rideaux, étaient pour eux des sources de plaisir indicible.

Mais septembre et octobre sont des mois d’automne, et leur plus beau soleil n’est, après tout, qu’une lueur trompeuse en comparaison de l’éclat éblouissant de juillet. Le temps devint trop froid pour les leçons de dessin sous les ormes et les rencontres ne furent plus possibles entre Mlle Dunbar et son enthousiaste professeur.

— Je ne puis permettre à une jeune lady d’attraper un rhume, sir Philip, pour toutes les perspectives du monde, — dit la fidèle Élisabeth. — J’ai parlé de cela à son père pas plus tard que l’autre jour, mais, bonté divine, il vaudrait autant s’adresser à un morceau de bois qu’à M. Dunbar. Si Mlle Laura vient au parc maintenant, ce n’est qu’après s’être bien enveloppée de fourrures, et encore il faut qu’elle marche vite pour ne pas se refroidir. Je vous demande un peu si cela vaut la peine de s’exposer au froid pour dessiner des troncs d’arbres et autres bêtises semblables ?

Mme Madden fit cette observation d’un son de voix un peu désagréable un matin que le baronnet demandait la faveur d’une autre leçon de dessin. Le fait est qu’à vrai dire Élisabeth n’avait pas la conscience bien à l’aise à cause de la part qu’elle avait prise à l’intimité soudaine qui s’était établie entre Laura et Philip. Elle sentait qu’elle s’était un peu relâchée de ses devoirs de duègne, et elle était en colère contre elle-même. Mais sa colère et ses remords de conscience n’étaient rien en comparaison de son indignation contre sir Philip.

Pourquoi n’offrait-il pas immédiatement sa main à Laura ?

Mme Madden s’était attendue à la demande du jeune