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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

courant du secret, et sera d’autant plus désagréable et dédaigneux dans ses rapports avec nous. Il nous traitera du haut de sa grandeur, soyez-en sûr.


CHAPITRE II

Le père de Margaret.

La ville de Wandsworth n’est pas un endroit bien gai. Il règne un air de calme austérité dans ses vieilles rues, quoique d’élégantes voitures les traversent parfois en se rendant à Wimbledon, ou au Parc de Richmond.

Les toits en pente, les pignons, les cheminées bizarrement construites, l’encadrement irrégulier des fenêtres appartiennent à un âge disparu, et le voyageur qui arrive en étranger dans cette petite ville pourrait se croire à cent lieues de la bruyante cité de Londres, quoi qu’il soit à peine en dehors du brouillard fumeux de la grande métropole, et qu’il puisse presque entendre les clameurs des milliers de voix qui y résonnent.

Il y a des ruelles et des sentiers qui mènent de la modeste rue Haute de la petite ville sur le bord de la rivière. Dans l’une de ces ruelles, d’aspect assez agréable, il y a une rangée de vieilles maisonnettes situées au milieu de petits jardins et protégées par de grands arbres de la poussière qui abonde dans la rue par les temps chauds.

Dans l’une de ces maisonnettes vivait avec son père une jeune personne, professeur de piano et de chant. Elle portait des robes fanées et on lui voyait rarement un nouveau chapeau ; mais on la respectait et on l’ad-