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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

seau de Mlle Dunbar. On se mit en rapport avec des couturières du West-End. Une modiste française, qui avait l’air de la princesse de la mode, arriva un beau matin au château, et pendant deux heures, la pauvre Laura eut à supporter la lente agonie de l’essai de diverses coiffures, pendant que Mme Madden et Dora discutaient sur les couleurs de l’arc-en-ciel et sur une quantité de nuances et de combinaisons nouvelles inventées par d’ambitieux chimistes français.


CHAPITRE XXI

Nouvelle existence.

Pour la première fois de sa vie, Margaret sut ce que c’était que d’avoir des amis, de vrais et sincères amis qui s’intéressaient à son bien-être et se chargeaient de la rendre heureuse ; je suis forcée d’avouer que dans ce cas particulier l’amitié n’était pas seule en jeu, il y avait aussi quelque chose de plus saint et de plus pur dans son essence, il y avait l’amour franc et dévoué d’un honnête homme.

Clément, le caissier de la maison de banque anglo-indienne Dunbar, Dunbar et Balderby, était devenu amoureux de la modeste maîtresse de musique aux yeux noirs, et s’était pris à songer à elle, et à s’occuper de tout ce qui la concernait avant de savoir au juste quels étaient ses sentiments pour cette jeune fille. Il avait commencé par avoir pitié d’elle. Sa pitié avait eu pour cause la rude existence qu’elle menait, son abandon et sa beauté qui l’exposaient à beaucoup plus de dangers que n’en court d’habitude une femme laide.