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HENRY DUNBAR

et son fils « produisaient » était réellement fort bien.

Mais lorsque Margaret se mit au piano et chanta, ces bonnes gens furent ravis en dépit d’eux-mêmes. Elle avait une superbe voix de contralto, riche, sonore et mélodieuse, et elle jouait très-brillamment, et avec expression, ce qui est plus rare encore.

Mme Austin, en circulant parmi ses invités pour tâter l’opinion, trouva que le succès de sa protégée était un fait accompli avant la fin de la soirée.

Margaret s’installa dans son nouvel appartement dans le courant de la semaine, et quinze jours ne s’étaient pas encore écoulés qu’elle avait déjà une douzaine d’élèves qui occupaient son temps, et lui faisaient gagner largement de quoi suffire à ses simples besoins.

Tous les dimanches elle dînait avec Mme Austin.

Ces dimanches furent des jours de bonheur pour Clément et la jeune fille qu’il espérait avoir pour femme.

L’élégance et le confortable du salon de Mme Austin, le calme paisible de la soirée, alors que les rideaux étaient tirés devant la fenêtre et que la lampe à lumière discrète éclairait l’appartement, la conversation fine et intelligente, la causerie sur les livres et la musique récemment publiés, tout cela était nouveau et délicieux pour Margaret.

Ce fut là sa première expérience du bonheur domestique, du foyer intime où ne règnent que l’union et le contentement et d’où sont bannis les craintes vagues, les tourments de l’incertitude, et ces secrets à demi devinés qui rongent le cœur. Mais, dans tout ce bien-être nouveau, Margaret n’avait pas oublié Dunbar. Elle n’avait pas cessé de le croire coupable du meurtre de son père. Calme et douce à l’extérieur, elle gardait son secret pour elle, et ne demandait pas de sympathie.

Clément s’était sérieusement occupé de cette affaire,