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HENRY DUNBAR

banquet servi à midi à Jocelyn’s Rock et où figurèrent six paons la queue déployée et un pâté sur un plat d’or, lequel pâté contenait dans ses flancs des colombes vivantes dont chaque plume était imprégnée des parfums les plus rares que ces colombes devaient semer sur la tête des convives en voltigeant çà et là dans la salle. Mais, croiriez-vous, monsieur, que ces bêtes-là étaient tellement imbues de l’esprit du radicalisme qu’elles n’eurent rien de plus pressé que de s’envoler par la fenêtre et d’aller répandre leurs parfums sur le vulgaire rassemblé au dehors ? Il n’y a plus de mariage pareil de nos jours, monsieur, — ajouta le vieux bedeau d’un ton plaintif, — ainsi que je le dis souvent à ma femme, je ne crois pas que l’Angleterre ait jamais relevé la tête depuis ce jour de malheur où Charles Ier le Martyr perdit la sienne.

Laura parcourut l’étroit sentier à côté de son père, mais Philip prit place à sa gauche et la foule eut assez à faire de dévorer des yeux le marié et la mariée.

Le visage du baronnet, toujours remarquable pour sa beauté, était splendide sous l’influence du bonheur. Les spectateurs discutaient entre eux sur la beauté des deux jeunes époux, et Laura oublia le mauvais temps en posant légèrement sa main sur le bras de Philip.

Le cimetière était encombré par la foule entassée le long du sentier que suivaient le marié et la mariée. Malgré le mauvais temps, malgré le désir du banquier que la cérémonie se fît sans bruit, il était venu du monde de très-loin pour assister au mariage de la jolie fille du millionnaire avec le maître de Jocelyn’s Rock.

Parmi les badauds qui étaient accourus pour assister au mariage de Mlle Dunbar se trouvait le long gentleman coiffé du vaste chapeau blanc, connu sur le turf sous le nom du Major, et qui avait témoigné un si