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HENRY DUNBAR

Ils essayèrent parfois de percer le brouillard et de découvrir les assistants dont les figures étaient en dehors du cercle de lumière tracé par les cierges, mais le brouillard était trop épais pour que les yeux les plus perçants pussent voir à travers.

Le Major ne pouvait apercevoir que quatre figures : celles de la mariée, du marié, du recteur et du curé. Mais par la suite quand l’un des officiants adressa la question habituelle : — Qu’est-ce qui donne cette jeune fille pour femme à cet homme ? Dunbar s’avança dans le cercle de lumière et fit la réponse nécessaire.

Les bras croisés du Major tombèrent du rebord comme s’ils eussent été paralysés tout à coup. Sa respiration devint oppressée, et immobile il dévisagea Dunbar.

— Henry Dunbar !… — murmura-t-il au bout d’un instant, — Henry Dunbar !…

Dunbar ne rentra pas dans l’obscurité. Il resta jusqu’à la fin de la cérémonie debout en face de l’autel et exposé à la lumière qui éclairait son beau visage.

Quand tout fut fini et que les deux époux eurent signé sur le registre de la sacristie avant l’entrée des témoins, le sportsman amateur se leva, sortit doucement de son banc, et se glissa dans l’une des ailes de l’église.

Le cortège déboucha sous le porche. Le Major suivit lentement.

Philip et sa femme se dirigèrent vers la voiture qui devait les ramener au château.

Dora et les deux pâles demoiselles d’honneur avec leurs chapeaux aériens que la pluie avait horriblement déformés, prirent place dans la seconde voiture. Elles furent accompagnées par Lovell qu’elles n’avaient pas vu de très-bon œil, car il avait été silencieux et mélancolique tout le long du trajet entre Maudesley Abbey et l’église de Lisford et les avait regardées avec indif-