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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Dunbar se redressa avec un léger frisson, comme s’il était repoussé et dégoûté par la vulgarité de cet homme.

— Que voulez-vous de moi ? — demanda-t-il. — Souvenez-vous qu’on m’attend. Je suis tout prêt à vous servir… au nom et pour l’amour du bon vieux temps.

— Oui, — répondit le Major avec un ricanement, — c’est chose si agréable de se souvenir du bon vieux temps !

— Eh bien ! — dit Dunbar avec impatience, — que désirez-vous ?

— Une bouteille de bourgogne… la meilleure que vous ayez dans votre cave… quelque chose à manger et… ce qu’un pauvre homme demande généralement à ses amis riches… à ses amis fortunés… de l’argent !

— Vous verrez que je serai très-généreux envers vous. Je vais revenir tout à l’heure et je vous donnerai un chèque.

— Vous tâcherez qu’il en vaille la peine.

— Je le ferai aussi fort que vous voudrez.

— Cela me va. Il y a toujours eu en vous quelque chose de princier et de magnifique, Dunbar.

— Vous n’aurez aucun motif de vous plaindre, — répondit très-froidement le banquier.

— Vous allez m’envoyer à déjeuner ?

— Oui. Je suppose que vous retiendrez votre langue ! Vous ne causerez pas avec le valet qui vous servira ?

— Votre ami a-t-il oui ou non les manières d’un gentleman ? N’a-t-il pas eu l’éminent avantage d’une éducation de collège ? Je puis même dire qu’il a fait des études suivies. Mais, écoutez, puisque vous craignez tant de me voir faire quelque balourdise, que diriez-vous si je retournais à Lisford ? Je puis revenir ce soir à la nuit. Notre affaire se réglera alors. C’est le devoir du pauvre obligé de se conformer aux heures