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HENRY DUNBAR

Mais au bout d’un instant, il recommença à rire tout haut et continua rapidement son chemin.

— Non, il ne se sauvera pas, — dit-il, — cela ne ferait pas son affaire de me faire voir le tour.

Pendant que le Major Vernon retournait à Lisford, Dunbar prenait place à la table du déjeuner, à côté de la nouvelle lady Jocelyn.

Il n’y eut guère plus de gaieté au déjeuner nuptial qu’il n’y en avait eu a la cérémonie. Tout y était très-élégant, très-calme et très-aristocratique. Des valets de pied silencieux circulaient sans bruit derrière les chaises des convives. Le champagne, le moselle, le bourgogne, pétillaient dans de grands verres qui rappelaient par leur forme la feuille du nénufar. Des bergères en porcelaine de Dresde, placées au centre de la table ovale, portaient dans leurs tabliers des fraises de serre chaude qui avaient coûté une demi-couronne la pièce. Des bergers folâtres supportaient des corbeilles en filigrane chargées de petites pommes d’Algérie, de mandarines et de grosses grappes de raisin doré.

Les jeunes époux étaient très-heureux, mais leur joie était de celles qui ne sont pas communicatives. Le déjeuner avait été silencieux, car le visage de l’amphitryon était aussi sombre que le ciel, et de temps en temps, quand la conversation tombait, on entendait le crépitement incessant de la pluie sur les vitres.

Enfin le déjeuner fut terminé. Un couteau avait été délicatement enfoncé dans la paroi d’un superbe gâteau, et un morceau des appétissantes sucreries qu’il contenait avait été mangé par l’une des demoiselles d’honneur.

Laura quitta la table suivie des trois jeunes personnes.

Élisabeth attendait dans le cabinet de toilette. Sur une chaise longue était préparé un costume de voyage complet. La bonne femme embrassa sa jeune maîtresse