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HENRY DUNBAR

— Je ne veux pas de diamants, papa, — dit-elle ; — je ne veux que votre amour.

Dunbar ne répondit pas à cette douce prière. Le temps manquait peut-être, car les nouveaux époux devaient prendre un certain train à la station de Shorncliffe qui devait les emmener à Londres, d’où ils partiraient pour leur excursion sur le continent. Peut-être dans tout le bruit et le fracas de ce départ précipité le banquier ne put-il rien dire de plus à sa fille. Mais il resta sous la porte gothique, suivant des yeux la voiture qui s’éloignait, avec une expression de tendresse mélancolique sur le visage.

— Puisse-t-elle être heureuse ! murmura-t-il en se parlant à lui-même en retournant chez lui ; — Dieu sait que je le désire de tout mon cœur.

Il ne s’arrêta pas pour faire des adieux cérémonieux à ses invités, mais il se dirigea immédiatement vers ses propres appartements. On était accoutumé à ses manières bizarres et on avait de l’indulgence pour ses faiblesses.

Arthur et les trois demoiselles d’honneur restèrent quelque temps dans le salon bleu. Les demoiselles Melville devaient retourner chez leur père dans l’après-midi, et Dora les accompagnait. Elle devait passer quelques semaines avec elles, puis rejoindre sa tante en Écosse.

— Mais je viendrai voir ma bonne Laura à Jocelyn’s Rock, — dit-elle, lorsque Arthur s’enquit de ses projets. — C’est une chose convenue.

Les jeunes personnes et l’avoué prirent le thé dans l’après-midi avant de quitter Maudesley, et passèrent ensemble quelques moments agréables, à défaut de gaieté folle. Ce jour-là, pour la première fois de sa vie, Arthur remarqua que Dora avait de très-beaux yeux noirs, des cheveux magnifiques, et le plus charmant sourire du monde, après celui qui éclairait un