Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
260
HENRY DUNBAR

porte de la rue, et entra. La porte de la chambre de son père était entr’ouverte, et l’avoué entendit le pas de son fils dans le vestibule.

— Est-ce toi, Arthur ? — demanda-t-il.

— Oui, père, — répondit le jeune homme en pénétrant dans la chambre.

— J’ai à te parler très-particulièrement. Je suppose que ce mariage de Maudesley Abbey a chassé de ton esprit toute pensée sur des affaires sérieuses.

— Quelles affaires sérieuses, père ?

— As-tu oublié l’offre de lord Herriston ?

— L’offre d’un emploi dans l’Inde ? Oh ! non, père, je ne l’ai pas oublié ; seulement…

— Seulement quoi ?

— Je n’ai pu me décider encore.

En parlant, Arthur songeait à Laura. Non, elle était maintenant Laura Jocelyn. C’était pénible pour le jeune homme de lui donner ce nouveau nom. Ne valait-il pas mieux qu’il partît, qu’il mît une incommensurable distance entre lui et la femme qu’il aimait ? Ne vaudrait-il pas mieux, ne serait-il pas plus sage de partir ? Et cependant, si, en agissant ainsi, il refusait une autre chance de bonheur ? Si une nouvelle étoile, moins brillante que celle qui venait de s’éteindre, se levait à l’horizon brumeux ?

— Il n’y a pas lieu de me décider précipitamment, — dit le jeune homme ; — lord Herriston vous disait que j’avais un an devant moi pour réfléchir.

— C’est vrai, — répondit John Lovell, — mais la moitié de l’année s’est écoulée, et j’ai reçu cette après-midi une seconde lettre de lord Herriston. Il veut que tu te décides immédiatement, car un de ses parents s’est adressé à lui pour obtenir ce même emploi. Il est fidèle à sa promesse, et il te donnera la préférence, mais il ne faut pas hésiter plus longtemps.

— Désirez-vous que j’aille dans l’Inde, père ?