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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

Major avait l’assurance d’un homme qui a un compte courant chez un banquier.

Le Major revint à la Rose et la Couronne, mangea un bon petit dîner qu’il avait commandé avant de partir pour Shorncliffe, paya sa note, et prit toutes ses mesures pour être à même de partir pour Londres le lendemain matin par le premier train. Il était près de dix heures quand tout fut fini, mais bien qu’il fût tard, Vernon prit son chapeau, remonta jusqu’à ses oreilles son collet d’habit en poil de chien et s’aventura dans la grande rue de Lisford.

Il y avait à peine un rayon de lumière dans la rue que suivait le Major. Il prit la route qui conduisait à Maudesley Abbey, et marcha d’un pas rapide sans prendre garde à la neige qui tombait à gros flocons.

Il était couvert de neige de la tête aux pieds quand il s’arrêta devant le porche en pierre et tira une sonnette qui fit grand vacarme au milieu du silence de la nuit. Il ressemblait à quelque statue blanche et roide descendue de son piédestal pour se promener çà et là dans les ténèbres.

Le domestique qui ouvrit la porte bâilla sans façon au nez de l’ami de son maître.

— Dites à M. Dunbar que je serais bien aise de causer avec lui quelques minutes, — dit le Major faisant mine de vouloir pénétrer dans le vestibule.

M. Dunbar a quitté le château il y a plus d’une heure, — répondit le valet avec une hauteur suprême, — mais il a laissé un message pour vous dans le cas où vous viendriez. La durée de son absence est incertaine, et si vous voulez vous entretenir avec lui il vous faudra attendre qu’il soit de retour.

Vernon écarta le valet et entra dans le vestibule. Les portes étaient ouvertes, et à travers deux ou trois chambres intermédiaires, le Major aperçut le salon sombre et vide.