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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

M. Sampson Wilmot,
Voyageur pour Southampton.

Wentworth fit entendre un sifflement prolongé. — Je me le disais bien, — murmura-t-il, — il me semblait que je ne me trompais pas.

Il entra dans le bureau où l’on délivrait les billets. Le commis se trouvait parmi la foule attendant son tour pour passer au guichet.

Wentworth s’approcha de lui et le toucha légèrement à l’épaule.

Wilmot se retourna et le regarda bien en face, mais rien dans son regard n’annonça qu’il eût reconnu le personnage qui l’arrêtait.

— Me voulez-vous quelque chose, monsieur ? — demanda-t-il avec quelque méfiance en voyant la tenue râpée du misérable.

— Oui, monsieur Wilmot, je veux vous parler. Vous viendrez dans la salle d’attente avec moi quand vous aurez pris votre billet.

Le commis fut stupéfait. Le ton de cet étranger mal mis était presque celui du commandement.

— Je ne vous connais pas, mon bon monsieur, — balbutia Sampson, — je ne vous ai jamais vu avant aujourd’hui, et à moins que vous ne soyez un commissionnaire de la banque envoyé après moi, je crois que vous faites erreur. Vous êtes un étranger pour moi.

— Je ne suis ni un étranger pour vous, ni un garçon de banque ! — répondit l’autre. — Vous avez votre billet ? Cela suffit. Maintenant vous pouvez venir avec moi.

Il entra dans une salie d’attente communiquant avec le bureau par une porte vitrée. La salle était vide, car le train allait partir dans cinq minutes et les voyageurs avaient couru prendre place dans les wagons.

Wentworth ôta son chapeau et écarta les cheveux gris qui couvraient son front.