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HENRY DUNBAR

Le facteur s’empressa d’accourir à cet appel impatient.

— Mon frère vient de se trouver mal, — s’écria Joseph, — aidez-moi à le sortir du compartiment, et vous enverrez ensuite chercher un médecin.

Le corps inanimé fut soulevé par deux hommes robustes qui le portèrent dans la salle d’attente et le déposèrent sur un divan.

La cloche retentit et le train de Southampton continua sa marche sans les deux voyageurs.

Au bout d’un moment toute la gare fut en émoi. Un gentleman avait eu une attaque d’apoplexie et se mourait.

Le médecin arriva en moins de dix minutes. Il secoua la tête après avoir examiné le malade.

— Mauvaise affaire, — dit-il, — très-mauvaise ; mais nous allons faire de notre mieux. Y a-t-il quelqu’un avec ce gentleman ?

— Oui, monsieur, — répondit le facteur en montrant Joseph, — cette personne est avec lui.

Le médecin de province jeta un regard soupçonneux sur Joseph qui avait certainement l’air d’un vagabond de la tête aux pieds, et d’un hardi coquin en lutte avec la société qu’il défiait dans sa haine.

— Êtes-vous… un… parent de ce gentleman ? — demanda le docteur avec hésitation.

— Oui, je suis son frère.

— Je vous conseillerais de le faire transporter à l’hôtel le plus rapproché. J’enverrai une garde-malade pour le soigner. Savez-vous si cette attaque est la première qu’il ait eue ?

— Non… je ne sais pas.

Le regard du médecin devint plus soupçonneux encore en recevant cette réponse.

— C’est étrange, — dit-il, — que vous qui vous dites son frère, vous ne puissiez me fournir aucun renseignement à ce sujet.