Page:Braddon - Henry Dunbar, 1869, tome I.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
60
HENRY DUNBAR

qu’elle ne satisferait pas mes idées de perfection plus que les autres ; mais, au moins, je retournerais à la maison avec la conscience d’avoir fait un nouvel effort pour trouver un professeur à ma nièce.

« L’adresse portée sur la carte était : « No 3, Godolphin Cottages. » Je demandai à la première personne venue de m’indiquer Godolphin Cottages. On me dit de prendre la deuxième rue à droite. J’arrivai dans une espèce de petite ruelle ou de chemin de communication où se trouvaient quelques petites maisons de construction ancienne et indépendante les unes des autres, abritées par une rangée de sycomores, et protégées par des grilles en bois. J’ouvris la petite porte de la troisième maison et pénétrai dans le jardin, une miniature dans son genre, qui possédait une pelouse et une allée circulaire sablée, et qui était orné dans un angle d’une grotte de coquillages et de pierres moussues. Sous un arbre, il y avait un banc rustique. Je trouvai à cet endroit une jeune femme assise et lisant dans le demi-jour qui baissait rapidement. Elle tressaillit au bruit de mes pas sur le sable et se leva, rouge comme une des pivoines qui s’épanouissaient à côté d’elle. Cette rougeur lui seyait d’autant plus qu’elle était naturellement pâle. Je reconnus ceci presque immédiatement, car la rougeur disparut graduellement pendant que je lui parlais.

« — Je demande une dame qui donne des leçons de musique, dis-je ; je viens de voir à l’instant une carte dans la rue Haute ; et comme je cherche une maîtresse de musique pour ma nièce, j’ai profité de l’occasion pour venir jusqu’ici. Mais peut-être suis-je indiscret à cette heure-ci ?

« J’ignore pourquoi je m’excusai de la sorte, puisque je ne m’étais pas excusé auprès des autres dames chez lesquelles je m’étais présenté à des heures indues. Je crains bien que j’eus la faiblesse de me sen-