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HISTOIRE D’UN RÉPROUVÉ

fois par semaine. Il se trouve que je ne me suis pas senti agacé le moins du monde par Non più mesta, non plus que par les gammes en ton majeur ou mineur qui, lorsqu’elles sont exécutées par une main inexpérimentée, ne sont pas précisément séduisantes à entendre. Je lis mes livres ou mes journaux, ou je me promène sur la pelouse pendant le cours de la leçon, et, de temps en temps, j’entends la jolie voix de Margaret (j’écris Margaret, car ce nom de Wentworth est fort ennuyeux), qui explique l’importance de la position du poignet, de la tenue du pouce, ou toute autre remarque non moins intéressante. Puis, lorsque la leçon est terminée, ma mère s’éveille de son demi-sommeil et offre une tasse de thé à Margaret, qui refuse d’abord, et finit par céder. Alors nous restons à causer dans la demi-obscurité d’une soirée d’été ou à la douce lumière d’une lampe placée sur le piano. Nous causons littérature ; et c’est une chose étonnante que l’accord parfait qui existe entre les goûts et les opinions de Margaret et les miens. Mlle Carpenter était ridicule sur cette question ; elle trouvait Carlyle absurde, et ne comprenait pas Dickens comme elle voulait le faire croire. J’ai prêté quelques livres à Margaret. Une pluie de feuilles de roses desséchées s’est échappée des pages de Wilhelm Meister quand elle m’a rendu ce volume. Je les ai mises sous une enveloppe, que j’ai cachetée. À propos, je crois que je ferais bien de brûler les cheveux de Mlle Carpenter.

« Bien qu’il n’y ait qu’un mois que j’aie aperçu la petite affiche à Wandsworth, Margaret et moi nous sommes de vieux amis. Au bout d’une année, Mlle Carpenter et moi, nous étions loin, plus loin que jamais, je crois, de nous comprendre. Mais avec Margaret, je n’ai pas besoin de paroles pour savoir que je suis compris. Un regard, un sourire, un mouve-